Une campagne anglaise très douce, un
village paisible, des voisins aimables, et un gosse qui demande à sa
jeune mère, célibataire, prof et thésarde en panne : « Est-ce que Granny
est ta vraie maman ? » Cette femme étrange peut-elle être sa
grand-mère ? Les gamins posent parfois des questions embarrassantes…
William Boyd installe le doute dès les premières pages. D’une plume très
à l’aise, il crée un labyrinthe de mensonges et d’indices, et s’amuse à
imaginer une histoire aussi plausible que fantastique. La Granny, femme
volontaire, confie à sa fille Ruth un manuscrit. Elle y raconte sa
jeunesse pendant la Seconde Guerre mondiale, celle d’une espionne : ses
missions, ses peurs, ses amours, les pièges qui se referment sur elle,
une liquidation probable, la fuite et, des décennies de lourd silence
plus tard, cette confession en forme de vengeance. Ruth, ébranlée – sa
mère serait-elle devenue folle ? –, recolle des bouts de vérités, fait
face à l’Histoire et s’interroge sur elle-même. La Vie aux aguets,
chassé-croisé d’identités floues, faibles ou perverses, est un roman sur
la peur, la trahison, le bonheur loupé. Et surtout, un subtil exercice
de portraits de femmes. William Boyd, tout en finesse, refait le monde,
et réinvente cette si complexe relation mère-fille. M.L.
Traduit de l’anglais par Christiane Besse, éd. du Seuil, 334 p., 23 €.
Le 03/03/2007 - Mise à jour le 18/09/2013 à 16h39 Martine Laval - Telerama n° 2981
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Ruth est inquiète. Depuis quelques semaines, le comportement de sa mère est pour le moins étrange : elle se sent épiée et ne cesse de répéter qu’elle court un grave danger. Qui pourrait donc vouloir s’en prendre à une vieille femme menant une existence paisible dans un cottage anglais ? Personne. À moins que cette femme ne soit pas tout à fait celle qu’elle prétend être…
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Pendant
la canicule de l’été 1976, dans la campagne oxonienne, une jeune femme
rend visite à sa mère, dont les propos la désarçonnent. Que penser en
effet quand votre mère si anglaise, si digne, vous annonce tout de go
qu’elle n’est pas Sally Gilmartin mais Eva Delectorskaya, une émigrée
russe et une ex-espionne de haut vol ? Et pourtant Ruth Gilmartin doit
s’y résoudre : tout est vrai. Depuis trente et quelques années, pour
tenter de retrouver la sécurité, voire sauver sa peau, Sally-Eva a
échafaudé avec soin le plus vraisemblable des mensonges. Au fil de la
lecture du mémoire que lui remet sa mère, Ruth voit sa vie basculer. À
qui se fier ? À personne justement, comme le voulait la règle numéro un
du séduisant et mystérieux Lucas Romer qui a recruté Eva en 1939 pour
les services secrets britanniques. Mais Ruth comprend. Si Eva se
découvre maintenant, c’est qu’elle a besoin de l’aide de sa fille pour
accomplir sa dernière mission : régler une fois pour toutes son compte à
un passé qui, du Nouveau-Mexique à un petit village de l’Oxfordshire,
s’acharne à vouloir rattraper une vie, déjà depuis longtemps, habitée
par la peur.
Description:
La Vie aux aguets
William Boyd
Le 03/03/2007 - Mise à jour le 18/09/2013 à 16h39
Martine Laval - Telerama n° 2981
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Ruth est inquiète. Depuis quelques semaines, le comportement de sa mère est pour le moins étrange : elle se sent épiée et ne cesse de répéter qu’elle court un grave danger. Qui pourrait donc vouloir s’en prendre à une vieille femme menant une existence paisible dans un cottage anglais ? Personne. À moins que cette femme ne soit pas tout à fait celle qu’elle prétend être…
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Pendant la canicule de l’été 1976, dans la campagne oxonienne, une jeune femme rend visite à sa mère, dont les propos la désarçonnent. Que penser en effet quand votre mère si anglaise, si digne, vous annonce tout de go qu’elle n’est pas Sally Gilmartin mais Eva Delectorskaya, une émigrée russe et une ex-espionne de haut vol ? Et pourtant Ruth Gilmartin doit s’y résoudre : tout est vrai. Depuis trente et quelques années, pour tenter de retrouver la sécurité, voire sauver sa peau, Sally-Eva a échafaudé avec soin le plus vraisemblable des mensonges. Au fil de la lecture du mémoire que lui remet sa mère, Ruth voit sa vie basculer. À qui se fier ? À personne justement, comme le voulait la règle numéro un du séduisant et mystérieux Lucas Romer qui a recruté Eva en 1939 pour les services secrets britanniques. Mais Ruth comprend. Si Eva se découvre maintenant, c’est qu’elle a besoin de l’aide de sa fille pour accomplir sa dernière mission : régler une fois pour toutes son compte à un passé qui, du Nouveau-Mexique à un petit village de l’Oxfordshire, s’acharne à vouloir rattraper une vie, déjà depuis longtemps, habitée par la peur.