La Traversée de l'Eté

Truman Capote

Language: French

Published: Jun 4, 2015

Description:

Résurrection surprise d’une œuvre inachevée.

On aime un peu

Sans doute faut-il garder un minimum de sang-froid. Ce roman inédit de Truman Capote n’est pas, comme certains le prétendent, le « plus beau livre de la rentrée ». Capote, qui avait lui aussi un sens aigu de la provoc et du snobisme, ne s’y était d’ailleurs pas trompé : « Quant à Summer Crossing, écrivait-il en 1953, je l’ai depuis longtemps déchiré, et de toute façon il était inachevé. » Que s’est-il passé exactement ? Dix ans plus tôt – il a 19 ans –, Capote se lance dans l’écriture de son premier roman, la rencontre fitzgeraldienne d’une petite fille riche de la Cinquième Avenue et d’un gardien de parking à Broadway. Ce sera La Traversée de l’été, qu’il abandonne au profit des Domaines hantés (1948), reprend à plusieurs reprises et finit par laisser dans l’appartement qu’il va quitter, à charge pour le concierge de tout jeter. Heureusement, celui-ci n’en fera rien : le manuscrit se retrouvera en 2004, vingt ans après sa mort, en vente chez Sotheby’s... La lecture en est évidemment émouvante : la lucidité dévastatrice, l’acuité psychologique, la rapidité d’esprit et de rythme, des flamboyances de style évoquent déjà le fameux Petit Déjeuner chez Tiffany. Mais l’aventure de Grady McNeil dans la canicule new-yorkaise, dont on devine l’ambition initiale – la traversée vers l’âge adulte, d’une classe à l’autre, d’un monde à l’autre –, tourne vite court, à l’instar de la chute du roman, aussi brutale que bâclée. Comme si Capote avait voulu brusquement en finir avec ce roman dont il ne se sortait pas. Michel Abescat   Traduit de l’anglais par Gabrielle Rolin, éd. Grasset, 207 p., 12,90 €.

Le 30/09/2006 - Mise à  jour le 18/09/2013 à  16h35
- Telerama n° 2959