Country girls

Edna O'Brien

Language: English

Publisher: Sabine Wespieser

Published: Oct 17, 2024

Description:

La publication en 1960 du premier roman d’une jeune Irlandaise de trente ans, exilée à Londres, a fait l’effet d’une déflagration dans le paysage des lettres.

Dans ce premier livre, bientôt suivi de deux autres, Edna O’Brien raconte la vie et les amours de Kate et Baba – Caithleen Brady et Bridget Brennan – depuis leur enfance dans l’atmosphère pesante et répressive d’un petit village à l’ouest de l’Irlande jusqu’à leur entrée dans l’âge adulte.

Le scandale, et aussi le succès, ont été immédiats : mise à l’index comme « indécente et obscène », brûlée par le clergé, objet des commentaires misogynes et méprisants des écrivains masculins voyant d’un mauvais œil monter une nouvelle gloire des lettres, cette trilogie évoquant sans fard l’éveil à la sexualité de ses héroïnes et leur désir d’émancipation est très vite devenue un livre culte. Elle a ouvert la voie à toute une génération d’autrices, comme Nuala O’Faolain, s’autorisant enfin à écrire sur le sort des femmes prises au piège par la vie et les hommes, écrasées entre la passivité et la passion.

Il faut dire que Country Girls est un roman fleuve absolument captivant : après leurs premières initiations dans un monde rural merveilleusement évoqué, on suit les aventures de Kate et Baba pendant leurs années au couvent, d’où elles sont bientôt renvoyées, leur départ pour les lumières de la grande ville, Dublin, qu’elles rêvent de conquérir, et leurs premières désillusions. Aux prises avec leur naïveté, la cruauté des hommes et souvent la malchance, elles s’efforcent de surnager, se marient, vivent trahisons et mésententes, partent finalement pour Londres, où elles se réconcilient.

Une des immenses qualités de cette incroyable saga féminine tient dans la finesse avec laquelle Edna O’Brien caractérise et différencie ses personnages, nous laissant osciller entre Kate, la romantique, qui cherche désespérément l’amour, et l’intrépide Baba, que rien n’arrête.

Dans cet extraordinaire portrait de l’innocence et de la jeunesse, de l’amour dont le corollaire est souvent le désespoir, l’humour reste une arme formidable. Jamais Edna O’Brien, qui a payé très cher sa montée au firmament des lettres – notamment par le départ de son mari, écrivain, pour qui le succès de sa jeune épouse était insupportable –, ne tombe dans le lamento. Le contrepoint du lyrisme qui marquera son œuvre à venir reste, tout au long de ces pages palpitantes, un humour sarcastique et salutaire.